Page:Archives israelites 1851 tome12.djvu/136

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126 ncutvns _ et on arrache le j enne enfant aux derniers emhrassements du père et de la mère, lui fait passer la visite et le renvoie s’il n’est pas jugé propre a former un soldat. Malheur au père qui essayerait à cacher son lils; il serait aussitot chargé de fers, expédié dans une province lointaine, et s’il n’est pas de taille et de force a servir lui·méme dans les armées de ,Sa Majesté, condamné aux travaux forcés pour un temps illimité. Les enfants reconnus valides sont géné- ralement transportü, par troupes de deux cents, sous l’escorte de Cosaqnes, sur le Don ou aux colonies cosaques de la mer · Noire, où ils sont répartis par deux ou trois entre les Cosaquœ qui dès lors 80Ilt chargés de les élever jusqu’à leur dix-huitième année. Les habitants des villages où ils doivent demeurer sont prévenus de leur prochaine arrivée et l’on a soin de leur prépa- rer du linge et des vêtements. Arrivés a une petite distance du terme de l’ expédition, les Cosaques s’arrétent avec leur proie. Le clergé de la localité et les notables de la communauté arrivent i leur rencontre en solennelle procession, l es femmes les suivent chargées de pièces d’habillement. On se rend alors aux bords de _ la rivière la plus proche et la se fait le partage des enfants. Chaque femme a eu soin de se munir d’une paire de ciseaux pour couper la chevelure de l’enfant qui lui sera remis. Cette première opération terminée, on déshabille les pauvres enfants et brule les habillements israélites, puis les baptise dans la ri- . vière ,et les aüuble de vetements russes. On rentre ensuite dans le village en c hantant des cantiques en l’honneur de la glorieuse et sainte conquête qu’on vient de faire, et les jeunes israélites n’ont désormais plus d’autre famille que celle ou ils sent re- cueillis. on leur apprend à faire la prière conformément a l’é- glise grecque, a monter a cheval, a traverser les fleuves a la nage; on leur enseigne aussi la pèche et l’agricul ture. Lorsqu’ils ont ’ atteint leur dix·huitième année, on les fait généralement entrer dans la marine et ils ne sont plus connus que sous les noms des Cosaques qui les ont élevés. ` Ce mode de recrutement doit étre appliqué dans tout liempire russe , et un journal de Vienne nous apprend qu’un grand nombre de jeunes enfants israélites arrivent journellement sur lelterritoire autrichien pour échapper a cette nouvelle persécution.