Page:Archives israelites 1851 tome12.djvu/644

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654 ncnmrs que, celui de Langres (que les temps sont changés! ) la première demande officielle des juit`s§en faveur de la liberté et del’égalité fut présentéeà l’Assemblée :_dans la séance du 28 du même mois, M. de Cle1·mont·Tonnerre parla avec éloquence des causes deïavi- lisscment de cette nation. Bientôt nous allons voir les plus grands noms dela France, les plus illustres publicistes du temps, intervenir dans la question des juifs, et la plupart, disons-le à leur louange, dans le sens le plus conforme aux principes éternels de toute vérité. Le 14 octobre, au soir, fut témoin d’un spectacle touchant : M. Berr-Isaac-Berr, au nom d’une députation de juifs des Trois- Évêchés, d’Alsace et de la Lorraine, fut introduità la barre de l'As- semblée, et cet honorable représentant d’nne race si longtemps déshéritée eut l’honneur d’en plaider la cause devant ce que la France avait de plus grand. La question du droit d"éIigibilité des dissidents, droit contesté dans plusieurs provinces,devaitnécessairement ramener surle tapis celle bien plus grave del’émancipation : l’exclusion dont ils étaient l’objet et qui leur était commune avec les exécuteurs des hautes- œuvres et les comédiens, rappels à la tribune, dans la séance du 25 décembre 1789, le noble et généreux comte de Clermont-Tom nerre. Dans le sens contraire, l’abbé Maury invoque tous les vieux sophismes et toutes les inculpations dirigées contre les israélites: c Ils forment une nation àpart; voués àl‘usure et au trafic, ils ont en horreur le travail sérieux, l’état militaire, le célibat: c’est, dans leur intérêt méme qu’on s’oppose à la reconnaissance de leurs drots civils et politiques, tant l’esprit public est animé contre eux dansles provinces qu’ils habitent.:) Mais deux hommes, bien iné- galement célèbres, firentjustice de ces odieuses banalités: Robes- pierre et M. Duport. La question ajournée revint le lendemain. Au nombre des dé- fenseurs, un peu circons pects d’ai|leurs, des juifs, vint s’ajouter' un autre nom bien illustre, celui de Barnave, et contre eux s`é· · lève Revvbell, qu'on voit 'depuis montrer dans cette question un systématique acharnement qui serait incompréhensible si Iton ne se souvenait de la province qui l’avait envoyé à,l’Assemblée. En- fin, grâce à l’intervention de Mirabeau, la motion fut votée, mais avec cette restriction, que l’Assemblée n’e¤tendait en rien innover