Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/105

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corps. Ces jeunes gens ne sont point des rêveurs, des désabusés, des sceptiques, et je les envie dans la sincérité de mon âme, que je sens aussi lasse que si elle portait le poids de plusieurs existences antérieures. À quoi suis-je arrivé, en somme, à l’heure présente, avec ma soif de constante analyse ?… À ruiner en moi la faculté de jouir pleinement. J’ai contemplé, discuté, observé, avec des yeux de myope saisissant les plus menus détails, des choses qui étaient belles et bonnes ; j’ai pénétré leur essence ; et ensuite je n’ai plus su sentir ni goûter leur charme dont je connaissais la cause.

Aujourd’hui le hasard place sur ma route une créature assez séduisante pour être follement aimée, même par un être blasé comme je le suis. Je m’en rends compte nettement. Un autre s’arrêterait, s’efforcerait