Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

sont infiniment sérieuses, sa physionomie si expressive a pris un air de gravité recueillie qui fait d’elle une Lilian encore inconnue pour moi. Durant quelques minutes, la tête un peu levée, elle contemple l’ostensoir qui flamboie sur l’autel ; et son œil bleu a ce regard profond que j’y ai surpris déjà quand elle parlait des questions qui lui sont très chères.

Je le sais maintenant, cette enfant aime et croit ; elle ne discute point sa foi. Elle est mille fois plus sage et plus heureuse que nous autres hommes qui nous jugeons des penseurs, détruisons incessamment nos croyances à peine définies, et ne réussissons qu’à faire de nous-mêmes de pauvres épaves désemparées, ballottées, meurtries par les remous de nos incertitudes, de nos doutes, par les élans vite brisés de notre âme qui ne