Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/119

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il est vrai qu’il est encore de fort bonne heure. Et tout de suite, elle commence, me montrant les pages qu’elle tient entr’ouvertes, et avec la véhémence qui lui est particulière :

— Avez-vous lu cet article ?… La police traduit en justice les gens qui écrivent des livres pornographiques, et elle laisse tranquillement poursuivre leur œuvre ceux qui s’efforcent d’ôter à leurs concitoyens toute illusion, toute foi, tout espoir… C’est insensé et criminel, oui, criminel !… Ces écrivains-là mériteraient d’être pendus comme des misérables !

Je connais l’article dont elle me parle ; il est subtil, amer et décevant dans son ironie aiguë, discrète et éveillant, en effet, l’impression poignante du vide de tout ce qui est humain… Mais comment condamnerais-je ces