Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/124

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En entrant à l’hôtel, j’ai aperçu miss Lilian sous la véranda, un lire ouvert sur ses genoux, ses doigts tordant, d’un geste distrait, quelques pétales de fleur, ses yeux perdus vers le lac. Au bruit de mes pas sur le sable, elle a tourné la tête, j’ai rencontré son regard profond dans lequel a passé soudain un fugitif éclair, et ses lèvres ont eu pour moi un beau sourire de bienvenue… Alors, brusquement, la pensée m’a traversé l’esprit, brûlante, pareille à un trait de feu, que je devrais aller prendre dans les miennes les petites mains croisées sur la robe, et dire à cette jeune fille tout ce qu’elle pourrait être pour moi…

Un homme qui ne serait point un analyste aurait pu obéir à cette impulsion violente qui l’emportait peut-être vers le bonheur… Moi, je n’ai pas su le faire… J’ai simple-