Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

secoué d’un désir irrésistible et jaloux d’aller la rejoindre ; sa belle voix passionnée m’arrivait avec des notes d’une douceur et d’une puissance infinies.

Était-ce donc parce qu’elle chantait ainsi qu’il me revenait soudain mes anciens rêves de bonheur intime, ceux que je formais, il y a plus de dix grandes années, quand j’espérais avoir, moi aussi, ce trésor des plus humbles, un foyer ; quand j’aimais si stupidement Isabelle… Et je me prenais à penser que ce serait un bonheur exquis de commencer, auprès de cette enfant devenue femme, une existence nouvelle, dont elle serait l’âme ; de me dévouer tout à elle ; de vivre dans une atmosphère de tendresse, stable, très pure, très forte ; d’oublier à ses côtés les heures fiévreuses, vides et mauvaises d’autre fois, de devenir autre pour être mieux à elle…