Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/151

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Elle s’arrêta : sa voix, toute vibrante de conviction, avait résonné d’un accent bas et contenu qui donnait une force singulière à ses paroles. Combien il lui semblait étrange à elle-même de ne plus vivre insouciante des sentiments qu’elle inspirait. Maintenant elle eût tant souhaité que cet étranger sérieux, hautain, un peu triste, lui donnât quelque chose de l’affection dévouée qu’elle avait déjà inspirée à certains hommes sans la partager jamais !… Mais, comme une réponse à ce désir mystérieux et fou qui s’agitait inavoué en elle, voici qu’Enid disait, d’un petit ton maternel :

— J’ai peur, Lilian, que tu ne t’enthousiasmes trop pour M. Noris et qu’il ne vaille pas la peine d’être remarqué par toi ! Tu sais, les Français sont légers, ils admirent les jolis visages, — et tu es bien jolie ! ma