Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/205

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Il regardait, suppliant, la jeune fille qui l’écoutait enveloppée par un souffle d’allégresse infinie… L’avait-elle bien compris ?… Était-il possible qu’il voulût faire sa femme d’une petite fille comme elle, qu’il l’aimât autant qu’elle l’aimait en dépit des réflexions méchantes d’Isabelle, oubliées maintenant comme un mauvais rêve ?

— Mon enfant chérie, murmura-t-il, emprisonnant les mains effilées dans les siennes, vous ai-je trop demandé ?… Pourquoi ne répondez-vous pas ?

— Parce que j’ai trop de joie dans le cœur, fit-elle levant enfin sur lui ses larges prunelles sombres que des larmes soudaines voilaient. Elle éprouvait une si intense impression de bonheur que cette impression même en devenait douloureuse.

— Lilian, je voudrais entendre vos lèvres