Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/218

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plus maintenant la séparer de lui, ni Isabelle ni personne au monde.

Mais il était parti au moment même où il venait de lui donner une joie qu’elle n’eût pas osé rêver, et qui la laissait étourdie comme d’un songe délicieux qu’elle avait la crainte instinctive de voir se dissiper.

Elle n’avait pas voulu accompagner lady Evans à Montreux, justement parce qu’elle redoutait tout ce qui pourrait la distraire de ce bonheur infini dont elle avait l’âme remplie. Mais maintenant, assise songeuse dans sa chambre, incapable, ce jour-là, d’une occupation suivie, elle regrettait presque d’être restée seule, obsédée par le souvenir du regard dont sa tante l’avait enveloppée en l’embrassant, une demi-heure plus tôt, au moment de sortir, un regard triste, tendre, tourmenté, qui, brusquement, avait réveillé