Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/220

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portrait de sa mère qui ne quittait jamais la place d’honneur dans sa chambre. Quelle expression mélancolique avait ce beau visage dont elle eût pu dessiner de mémoire chacun des traits tant elle l’avait de fois contemplé !… Quels chagrins avaient donc accablé cette jeune femme pour donner à sa bouche ce quelque chose d’infiniment triste, pour voiler de la sorte le regard de ses yeux bleu sombre, pareils à ceux de Lilian, pour l’emporter enfin de la vie, toute brisée, alors que, jeune fille, elle avait été si joyeuse ?… Cela, Lilian le savait bien ; sa vieille Bessy lui avait souvent parlé de sa mère…

Maintenant, avec une perspicacité anxieuse, elle s’efforçait de se souvenir des plus petits détails du passé, de nouveau envahie par l’idée poignante que lady Evans avait peut-être un motif grave de croire difficile son