Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/223

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tionner lady Evans, il n’y fallait pas songer ; elle ne permettrait pas qu’on lui parlât jamais du passé qui semblait lui avoir laissé de très douloureux souvenirs. Le nom de Bessy traversa l’esprit de Lilian ; ce n’était pas une servante pour elle que cette vieille femme dévouée qui l’avait vue tout enfant, qui avait tant aimé sa mère, ne la quittant point jusqu’à la dernière heure… Vivement, elle se leva pour l’appeler ; puis un battement de cœur la prit, le même qu’elle eût éprouvé à remuer des choses sacrées dont l’attouchement pouvait être mortel… Elle regarda la pendule et se dit :

— Quand cinq heures sonneront, je ferai venir Bessy.

Et elle resta debout, immobile devant la fenêtre, les yeux fixés sur la brume bleuâtre qui limitait l’horizon ; sa pensée s’en allait