Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/302

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votre consentement ? dit-il d’un ton bas et vibrant, sans cesser de la contempler, comme s’il eût eu peur qu’elle ne lui échappât encore. D’un seul coup d’œil, il avait lu l’affreuse tristesse des jours écoulés sur le jeune visage effilé et pâli, dans lequel les yeux paraissaient immenses.

Avant qu’il eût fini même de parler, d’un geste irréfléchi, elle avait mis ses deux petites mains dans celle qu’il lui tendait, ainsi que le matin où il l’avait quittée à Vevey.

— Irritée ? répéta-t-elle doucement avec une voix de rêve. Oh ! non, il me paraît si bon de vous voir !… Et pourtant… pourquoi, oh ! pourquoi êtes-vous venu ?… Qui vous a dit que j’étais ici ?…

— Votre amie, à Lugano… Elle n’a pas été sans pitié, comme vous ! Elle a compris que, pour notre bonheur à tous deux, je