Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/312

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parole de refus tomber des lèvres chères… Autour d’eux, c’était toujours ce grand silence qui permet aux âmes de se parler ; à peine, au loin, une faible sonnerie de clochettes. La lumière se faisait plus douce et l’horizon se voilait sous l’approche du crépuscule. Dans cette brève minute de silence entre eux, Robert Noris eut la vision rapide de son existence passée dont le vide l’avait si souvent accablé ; ce but, cet aliment suprême de la vie qu’il avait tant désiré rencontrer, il le possédait enfin ; il lui était donné de se dévouer, jusqu’au sacrifice de son légitime orgueil d’homme, au bonheur d’un être cher…

— Lilian, acheva-t-il, et sa voix résonnait suppliante, j’ai vécu longtemps isolé, même au milieu de la foule, triste jusqu’au plus profond de mon âme, avec la convic-