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Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/47

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Puis, avec le temps, à mesure qu’il pénétrait davantage dans la compréhension de l’âme humaine, il était devenu d’une indulgence un peu dédaigneuse, mêlée d’ironie et de mélancolie, pour les êtres et leurs actions, considérant qu’il ne faut point demander à des créatures fragiles plus qu’elles ne peuvent donner, acquérant chaque jour davantage la conviction de sa propre faiblesse et de celle des autres. Il avait bien pardonné à Isabelle son dédain et son insensibilité d’antan ; il avait rencontré tant d’autres femmes lui ressemblant ! Il la jugeait maintenant froidement, mais avec son implacable perspicacité : intelligente et fine, plus que jolie, belle à ravir les yeux, mais frivole, incapable d’un véritable élan du cœur, faite de vanité et de coquetterie, et devenant impitoyable dès que cette vanité et cette coquetterie étaient en