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Page:Ardel - Coeur de sceptique.pdf/51

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l’hôtel, devenu tranquille comme un cloître, ni un son de voix, ni le heurt d’une porte. D’ordinaire, il aimait à travailler ainsi, enveloppé par cette paix silencieuse de la nuit ; mais, ce soir, nuls caractères ne venaient noircir la page immaculée.

— Je suis incapable aujourd’hui d’écrire quoi que ce soit, fit-il tout à coup, jetant la plume au hasard, si bien qu’elle roula hors de la table sur le tapis.

Il se mit à marcher dans la pièce, d’un pas nerveux ; puis, brusquement, il chercha dans un tiroir bien fermé une suite de feuillets, — les notes écrites par lui depuis le jour où, deux mois plus tôt, il avait quitté Paris. Et il se prit à lire :

9 mai (en route pour Vevey).

Le jour vient de naître brumeux ; il est