Page:Ardel - Le Chemin qui descend.pdf/17

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

aller, une fois de plus, errer dans ces sentiers qu’elle aimait.

– Ce que va être l’hiver, je le verrai bien. C’est toujours intéressant, l’imprévu. Comme Élisabeth me trouverait lâche, aujourd’hui !

Vive, elle mettait sa longue veste de tricot, enfonçait, sans un regard vers la glace, le polo de laine émeraude sur ses boucles courtes ; puis elle descendit, en courant comme une gamine, les marches de l’escalier de bois qui résonnaient sous le heurt de son pied




II



Au seuil de la maison, qui était campée sur la hauteur, une rafale l’enveloppa, dont elle huma la saveur de sel, d’eau, de verdure.Aussi, y flottait une odeur de terre humide qui montait du jardinet où tremblaient les fleurs de septembre, mordues par la rude brise.

Mais cette rudesse même enivrait l’être jeune de Claude ; et un éclair de plaisir avait flambé dans ses prunelles quand elle avait senti sur son visage le souffle violent. La bouche avide, elle murmura :

— Que c’est bon ! Oh ! que c’est bon !

Et vraiment, il semblait que cet âpre vent de mer eût, pour elle, la volupté d’une caresse. Rapidement, elle allait gagner la route. Mais, au passage, une voix l’appela :

— Claude !… Vous sortez ?

C’était Mlle de Villebon qui surveillait les petites,