Page:Ardel - Le Chemin qui descend.pdf/335

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ce n’était plus cette Claude qui, dans la clairière, avait frémi toute, sous la soudaine caresse, affolante comme une révélation. Ce n’était plus cette Claude qui, dans l’ombre de la forêt, avait, elle même, donné ses lèvres aux lèvres altérées. Qui, si souvent, depuis lors, avait aimé les courses dans la solitude où le torrent de la passion les entraînait. Qui entrevoyait, comme l’Eden ou vert, le Midi lumineux où, librement, ils se pourraient rencontrer… Cette Claude appartenait à un passé qui jamais ne ressusciterait, ne pourrait ressusciter…

Jamais, jamais plus, elle ne serait la femme qu’elle avait été durant cet inoubliable printemps, divinement grisée, insouciante de tout ce qui n’était pas le mystère splendide de son jardin secret ; orgueilleusement jeune, sûre d’elle-même, oublieuse des devoirs et aussi des laideurs, des misères, que ses yeux éblouis ne voyaient plus, alors qu’elle avançait, sentant, en tout son être, le goût ardent de la vie qui brûlait ses lèvres. Tout cela, c’était fini. Maintenant tout autre lui apparaissait la vie : agressive, méchante, broyant les êtres dans sa force aveugle.

Cette force les rejetait loin l’un de l’autre, lui et elle. C’était avec une soudaineté si brutale, qu’il ne comprendrait pas pourquoi, tout à coup, il la perdait. Puisqu’elle ne pourrait lui dire le secret de la pauvre morte. Il souffrirait. Car c’était vrai qu’il l’aimait, autant qu’il la désirait. Comme aiment les hommes qu’a saisis le « démon de midi » ; qui sentent que la jeunesse est finie ; que l’automne, puis l’hiver sont tout proches. Avec une sorte d’emportement désespéré… il souffri-