Page:Ardel - Un conte bleu.pdf/241

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dérober son visage. Lentement, elle demandait :

— Me direz-vous, puisque j’ai été si franche, pourquoi vous désirez ainsi savoir la vérité ? Alors, basse et vibrante, la voix de Pierre monta vers elle :

— Pourquoi… parce que je vous aime de tout mon être, avec toute ma pensée, tout mon cœur, Viviane, depuis le premier jour, je crois bien, où je vous ai vue… Parce que depuis des semaines et des semaines, je vis avec la soif de vous demander d’être mienne et que tout et tous me criaient que j’étais venu trop tard… Viviane, si ma prière n’est pas trop hardie, je vous en supplie, dites-le-moi… Ah ! je vous jure que j’ai bien mérité que vous me soyez donnée par tout ce que j’ai souffert en vous fuyant, sans pouvoir me guérir de vous aimer !…

Oh ! cet aveu fait à elle seule, devant l’admirable horizon qui lui apparaissait comme le chœur d’un temple où allait être consacrée leur mutuelle tendresse…

Avec des lèvres qui tremblaient, elle murmura :

— Ah ! mon ami ! Mon poète !…

— Viviane, ma précieuse et unique Viviane, répondez-moi, je vous en supplie… Dites que vous voulez bien me permettre de vous offrir toute ma vie ?…