Aller au contenu

Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

teinte grise du torrent. Au-dessus, sous des ressauts couverts de belles cultures, la voie décrit un double lacet, dont les boucles creusent en tunnels les éperons de la montagne. Quand les détours permettent de regarder vers le nord, on découvre le merveilleux massif de la Chartreuse avec ses pics, ses falaises, ses murailles de calcaire chaudement colorées surgissant au-dessus des noires forêts de sapins. Ces montagnes, par curieux effet d’optique, semblent monter comme par une force souterraine ; l’effet est saisissant, surtout pour les pics aigus de Chamechaude et de la Pinéa, et le dôme énorme de la dent de Crolles dont les puissantes assises se précisent de plus en plus à mesure que nous nous élevons.

Vers Notre-Dame de Commiers, au sortir d’un tunnel, on aperçoit une grande partie de la ligne, dessinée au flanc de la montagne par ses tranchées et ses travaux d’art. De l’autre côté du Drac, les vertes campagnes de la Cluse et de Paquier contrastent avec la sévérité des pentes voisines sur lesquelles, entre des taillis, apparaissent, hideuses, des surfaces de schiste sans végétation. Très haut au-dessus du paysage, la grande Moucherolle dresse, à 2, 289 mètres, ses falaises grises qui semblent se plaquer sur le ciel bleu. Toujours haletante sur cette pente régulière de 275 milli-