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Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/153

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veau, jetés côte à côte sur le même étranglement du Drac.

Longtemps, le pont primitif fut considéré comme une merveille, c’était le seul point où l’on pût traverser l’énorme torrent, le plus grand des Alpes Dauphinoises après la Durance. Le régime de ce cours d’eau est si variable, si terribles sont les crues, qu’on ne pouvait songer, avec les ressources du vieux temps, à franchir le Drac dans les parties de son cours où il s’étale en un lit de 300 à 1,200 mètres de largeur, plus encore pendant les très hautes eaux. Les fondations ne pourraient avoir de fixité dans ces grèves immenses, sur lesquelles, à l’étiage, roulent, entre des îlots, de maigres filets d’eau, et il suffirait d’une nuit pour tout emporter. Mais, au Pont-de-Claix, le Drac est resserré entre les hauteurs de Champagnier et une sorte de bourrelet rocheux, très mince, dominant d’une centaine de mètres le confluent de la Dresse et du Drac ; pour franchir ce défilé, l’immense lit du torrent se resserre, sa largeur de un kilomètre se réduit à 40 mètres à peine entre deux roches. Ce passage fort curieux est l’œuvre de l’homme : jadis le Drac courait à droite, au pied des hauteurs, et divaguait dans la plaine jusqu’à Grenoble. C’était un péril pour la ville ; les habitants, en 1377, à une époque