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Page:Ardouin-Dumazet,Voyage en France 9,1896.djvu/154

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où les moyens de perforation des roches étaient bien imparfaits, creusèrent un nouveau lit au torrent pour éviter les désastres semblables à celui de 1210, causé par la débâcle du lac Saint-Laurent. Alors la capitale fut presque entièrement détruite par le Serpent, l’Isère sinueuse, et le Dragon, c’est-à-dire le Drac fougueux :

Lou Sarpent et lou Dragon

Mettront Grenoblou en savon.

L’œuvre des bourgeois de Grenoble fut complétée, 230 ans plue tard, par Lesdiguières : il fit jeter un pont au-dessus du partais. Le connétable, pour mettre Grenoble à l’abri, fit, en outre, creuser un nouveau lit au Drac ; contenu entre deux digues, le torrent dut se jeter dans l’Isère, au-dessous de la ville qu’il avait si souvent menacée.

Le pont est très hardi : s’il n’a rien pour surprendre aujourd’hui, où l’art de l’ingénieur a fait de si grands progrès, on comprend l’enthousiasme des contemporains. Un historien du Dauphiné traduit ainsi leur impression :

« Il est à une lieue de Grenoble, bâti sur le Drac, d’une seule arche, d’une largeur prodigieuse, ayant vingt-deux toises et demie de long d’un fondement à l’autre, sur deux rochers dont la matière est de pierre blanche ; sa structure