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Page:Ardouin-Dumazet, Le colonel Bourras et le corps franc des Vosges, 1893.djvu/11

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polytechnique, ses études interrompues. Le colonel nous fit une impression puissante. La tête était pensive, la barbe noire faisait ressortir la matité brune du visage. Les yeux étaient à demi voilés, pleins d’une mélancolie profonde. Mais lorsque, après nous avoir parlé un instant, il évoqua les tristes heures de la défaite et nous dit son espoir dans la lutte qu’il croyait prête à recommencer, des éclairs jaillirent de ces yeux tout à l’heure à demi clos.

La tête se redressa ; les moins éclairés d’entre nous comprirent qu’ils avaient devant eux un meneur d’hommes.

Ce fut bien la qualité maîtresse de Bourras que cette science de mener les hommes. Si, au lieu d’être arrivé dans son arme, le génie, à la force du poignet, par son seul mérite, il avait passé par l’école, peut-être son avancement eût-il été moins lent et eût-il pu donner davantage sa mesure.

Mathias-Alphonse Bourras était né à Pompignan (Gard) le 24 février 1836, d’une famille de petite bourgeoisie. À 10 ans, il entrait au collège Stanislas de Nîmes et y restait jusqu’à 18 ans. Stanislas est une école ecclésiastique ; c’est de là, cependant, que Bourras sortait, en mai 1854, pour s’engager dans le régiment du génie, en garnison à Montpellier.

Le jeune homme avait puisé au collège la connaissance des sciences exactes. Aussi, à cette époque où