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LE COLONEL BOURRAS

Vous devez le savoir, Monsieur le Général, la plupart des francs-tireurs sont de nobles cœurs cherchant à défendre leur patrie envahie et n’employant contre vous que les armes loyales.

Le jeune Mesny, que vos soldats ont assassiné, appartenait à la Compagnie du Jura, était engagé régulièrement et faisait partie du Corps franc des Vosges qui vous suit depuis la Bourgonce. Ce corps est un corps régulier, commandé par un officier des cadres de l’armée française, délégué à cet effet.

La conduite de nos francs-tireurs a toujours été celle d’hommes d’honneur ; vos blessés sont traités avec les plus grands égards, ainsi que vous pouvez vous en informer auprès du Badois blessé à Broin et transporté au château d’Auvillars.

J’ai l’honneur de vous demander une réponse, pour savoir si c’est par ordre que vos soldats massacrent indignement nos francs-tireurs ou si ce sont des faits isolés commis au mépris de vos ordres par des soldats irrités. L’indignation est grande parmi nous et j’attends votre réponse avant de laisser prendre à cette guerre le caractère d’atrocité que vous venez d’inaugurer.

Nous avons quelques prisonniers badois et ils partageront le sort du jeune Mesny si votre réponse, que j’attends dans un délai de quarante-huit heures, ne désapprouve pas l’acte de sauvagerie que je vous signale.

Veuillez agréer, Monsieur le Général, l’expression de ma considération la plus distinguée.

Signé : A. Bourras,
inscrit dans les cadres de l’armée française
comme capitaine de génie.