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LE LIEUTENANT MARQUISET.

Pendant toute la campagne il n’avait point été question de récompenses, d’avancement, de décorations au corps franc des Vosges. Vers la fin des opérations, le Gouvernement de la Défense nationale nomma Bourras officier de la Légion d’honneur et accorda plusieurs croix de chevalier au corps franc : l’une des premières fut pour Marquiset. Une approbation unanime ratifia cette distinction, car ce n’est pas une fois, mais dix fois, qu’il l’avait méritée.

Après la guerre, la maison de Marquiset à Fontaine-lès-Luxeuil devint le centre où se réunissaient ceux qui avaient combattu avec lui. Bourras y vint plusieurs fois, et leurs entretiens d’alors complétèrent les menus détails de l’historique du corps franc des Vosges.

Il fut écrit avec des souvenirs encore tout frais sous l’inspiration du colonel Bourras et en prenant pour base les deux documents suivants dont les originaux se trouvent aux archives historiques du ministère de la guerre :

1o Historique des opérations du corps franc des Vosges, depuis sa formation jusqu’au 24 novembre 1870. Signé : Bourras, le 2 décembre 1870.

2o Rapport du colonel Bourras : Résumé des opérations militaires du corps franc des Vosges. Campagne 1870-71.

3o Lettre d’envoi de Lyon du 14 août 1871.

Lorsque plus tard la politique l’amena à la Chambre des députés, Marquiset eut une double clientèle, celle de ses concitoyens comtois et celle des francs-tireurs de tout le corps franc des Vosges qui connurent bien vite soit la maison de Fontaine, soit le no 17 de la rue de Chateaubriand où aujourd’hui encore ils trouvent une maison amie. Il fut le bienfaiteur de tous ceux qui s’adressèrent à lui.

La guerre de 1870 est pleine de magnifiques exemples de patriotisme et de dévouement. Si les Français ont été impuissants à défendre la mère patrie contre l’envahisseur, quelques-uns du moins ont pu goûter cette consolation de l’avoir vengée. Gaston Marquiset était certes de ce nombre. Cette conscience du devoir accompli, la sérénité naturelle de son caractère, lui donnaient une belle confiance dans un avenir qu’il fut peut-être heureux de ne point connaître ! Pendant les dix années de