Page:Ardouin-Dumazet, Voyage en France 10,1897.djvu/168

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Dominant le tout, les crins-crins aigres d’une vielle, seul orchestre du lieu.

Jusqu’à deux heures du matin il en fut ainsi. Quand le dernier coup de talon eut fait gémir l’escalier, les bonnes arrivèrent pour remettre en place, à grand bruit, les tables et les chaises, ramasser les verres et les bouteilles. Au jour, nous étions rompus de fatigue.

Mais quel ravissement pour les yeux que le paysage découvert de la terrasse de Sainte-Foy ! Le ciel s’est rasséréné, sur le bleu pâle du firmament se détache, blanche d’une neige immaculée, l’aiguille du Saint-Esprit dressée à 3,398 mètres ; en arrière, le mont Pourri s’élance, merveilleux de forme et d’éclat. La cime est à 3,786 mètres d’altitude ; c’est-à-dire à 2,785 mètres au-dessus de Sainte-Foy. La pyramide se dresse au milieu de pâturages d’un vert doux, semés de roches. Plus bas sont des bois, puis d’exquises campagnes où des groupes de noyers, des prés, des champs minuscules, des hameaux faisant cortège à Villaroger, groupé autour de la tour blanche de son église, dominent la gorge où l’Isère mugit.

La voiture des postes arrive enfin, c’est un petit break ; il n’a pas tous les jours des voyageurs à prendre, il n’a conduit personne de Bourg-Saint-Maurice à Sainte-Foy, nous serons trois à quitter