Page:Ardouin-Dumazet, Voyage en France 10,1897.djvu/188

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de Lans-le-Villard couvrant une terrasse verdoyante au-dessus de l’Arc. Plus haut, jusque dans les nuages qui rampent au flanc de la montagne, on voit la route du mont Cenis dérouler ses lacets ; un moment nous hésitons, prêts à prendre le sentier qui nous conduirait à la frontière, mais, par ce temps, ce serait folie et nous nous résignons à gagner Lanslebourg pour prendre la voiture de Modane.

Lanslebourg est une façon de petite ville : rue unique bâtie au bord de l’Arve et paraissant endormie depuis le temps, lointain déjà, où les voitures qui traversaient le col en faisaient un des centres les plus vivants de l’Europe. À l’entrée, près d’une caserne crénelée, joujou d’un Vauban sarde devenu caserne pour le 13e alpins, les plaques portent encore cette inscription : route impériale n° 16, frontière sarde à 10 kilomètres. Il paraît qu’à Lanslebourg on ne connaît ni la chute de l’Empire, ni la création d’un royaume d’Italie.

Et, cependant, combien les choses sont changées depuis 1870 ! Le tunnel dit du Mont-Cenis, bien qu’il soit fort loin du massif, a été ouvert ; le mouvement de la route a disparu, remplacé, à Modane, par une circulation dix fois plus active dans le grand souterrain. Cette œuvre colossale