Page:Ardouin-Dumazet, Voyage en France 10,1897.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

surélévation de l’arête montagneuse, mais, au contraire, un col, c’est-à-dire une dépression.

« Il y a là, dans la terminologie alpine, me faisait remarquer un officier alpin, une particularité remarquable, dont l’ignorance est une cause de confusions singulières. Pour s’expliquer cette espèce de paradoxe, il faut se placer dans la situation intellectuelle et physique des populations qui ont baptisé les grands passages des Alpes.

« Le paysan de la vallée de la Durance ou de la vallée de l’Arc est, par nature, bien étranger aux questions d’alpinisme scientifique ou sportif. Aussi, quand il lève les yeux sur la grande chaîne,  ce ne sont pas les glaciers stériles on les pics inaccessibles qui l’intéressent, mais bien plutôt les hauts plateaux où, dans d’humides pâturages,  s’engraissent ses bestiaux, où, après une montée relativement courte, de larges routes lui permettent d’échanger ses produits contre ceux des vallées piémontaises. Pour l’habitant de la Névache, le mont par excellence est le col du mont Genèvre ; pour l’habitant de Lanslebourg, c’est le mont Cenis, vaste cuvette, verte de prairies et bleue de l’eau d’un lac qu’enveloppe et domine un cirque de roches grisâtres et de glaciers étincelants sous le soleil. »

Le mont Cenis est donc un passage, le meilleur