Page:Ardouin-Dumazet, Voyage en France 10,1897.djvu/51

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routes qui suivent la base des montagnes, les Bauges m’apparaissaient sous la forme d’un plateau régulier et étroit. Maintenant, au contraire, j’ai sous les yeux des combes profondes, des chaînons superbes, hérissés de pics et de dents, système orographique fort compliqué en apparence, mais dont la carte fait bien comprendre la simplicité réelle. Les Bauges sont la haute vallée du Chéran, à laquelle aboutissent, par des plis parallèles d’une régularité extrême, des vallons de pâturages ayant leur tête à la ligne de l’escarpement extérieur qui donne aux Bauges l’apparence d’une fortification naturelle.

Ce terme de fortification n’est pas excessif : de toutes les régions naturelles des Alpes, de toutes les vallées, de tous les massifs dont le peuple a reconnu l’isolement en leur attribuant un nom, les Bauges sont celui qui donne le mieux l’impression d’un système de défense. La haute crête, presque circulaire, d’une altitude moyenne de 1,500 à 2,100 mètres, forme un rempart d’une incomparable puissance. Les routes sont rares, elles franchissent des cols difficiles à tourner ; le bétail, très nombreux, assurerait l’existence d’un petit corps d’armée, même si l’ennemi avait d’assez gros effectifs pour bloquer le massif et empêcher le ravitaillement. Aussi, dans notre plan général