Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/108

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

liberticides : il faut le dire, parce qu’on pourra le prouver.

De là, la cause originelle, réelle, de cette guerre fratricide allumée entre eux, attisée encore, et par la haine implacable des colons et par la malveillance du Directoire exécutif contre la vraie population de Saint-Domingue. Guerre à jamais déplorable, inévitable peut-être, mais dont l’origine, la cause vraie, atteste l’influence des traditions locales sur les peuples.

Poursuivant nos observations, nous ferons remarquer qu’à une époque postérieure, on a encore vu Rigaud, échappé des mains de la police française et revenu dans son pays, réveiller la jalousie surannée du Sud contre l’Ouest : sentiment presque éteint par la transformation politique produite par l’indépendance d’Haïti et par l’administration de Pétion. Rigaud, toujours révolutionnaire, n’a pas reculé alors devant l’idée de prononcer la scission du Sud, du territoire soumis au Président de la République, malgré les funestes conséquences que cet événement pouvait avoir[1].

Enfin, plus tard encore, on a pu reconnaître une certaine influence de ces regrettables traditions locales, dans le mouvement révolutionnaire entrepris dans le Sud contre le gouvernement de Boyer ; et, après le renversement de ce chef, des troubles politiques renaissant sans cesse dans ce département[2].

  1. Dans un de ses actes, Rigaud disait aux citoyens de l’Ouest : « Ayez un sénat, si vous voulez ; mais que votre sénat soit celui de l’Ouest. Ayez un président, si vous voulez ; mais que votre président soit celui de l’Ouest, etc. »

    Si l’on a bien voulu croire que dans la lutte entre Rigaud et Toussaint Louverture, il y avait antipathie entre le mulâtre et le noir, qu’on explique, si l’on peut, la scission du Sud par les mêmes motifs : Rigaud et Pétion étaient tous deux mulâtres

  2. En entrant au Port-au Prince, en 1843. Charles Hérard aîné, chef d’exécu-