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CHAPITRE II.

Vincent Ogé et Jean-Baptiste Chavanne — Premiers combats des hommes de couleur contre les blancs. — Emprisonnement des principaux d’entre eux.

Cependant, c’est pour réclamer l’exécution du décret du 28 mars, que Vincent Ogé prit la résolution de quitter la France et de retourner à Saint-Domingue. Il avait été témoin, ainsi que les autres commissaires des hommes de couleur, de la déclaration faite par Barnave sur le sens de l’article 4 de ce décret ; et il savait que malgré cette assurance donnée à Grégoire, au nom du comité colonial, les hommes de couleur étaient encore repoussés des assemblées.

Contrarié dans son généreux dessein par le ministre de la marine qui, d’accord avec les planteurs, donna ordre dans les ports de ne laisser partir aucun homme de couleur ; forcé de prendre un autre nom que le sien, de passer d’abord en Angleterre et de là aux États-Unis, il arriva de Charleston au Cap, le dimanche 16 octobre 1790[1], à onze heures du matin ; il y débarqua dans

  1. J’avertis le lecteur que tout ce que je vais citer de l’entreprise d’Ogé et de Chavanne, repose sur des documens authentiques que j’ai en ma possession. En 1828, je fus à Santo-Domingo, où je restai deux mois : le général