de l’orphelin qui lui rappelait une fille chérie. Cohabitant avec un blanc, M. Ithier, qui était procureur-gérant de plusieurs sucreries au Cul-de-Sac, et qui demeurait sur l’habitation Lathan, elle le garda auprès d’elle. Le jeune Borgella y passa trois autres années, continuant à apprendre à lire de M. Ithier, qui était son parrain, et qui, à ce titre vénéré dans les colonies, devint son protecteur, on vrai père. Les principes d’honneur de cet homme de bien passèrent au cœur de l’orphelin délaissé par son père naturel : cette éducation de famille y germa avec fruit.
Sa constitution robuste se fortifia, pendant son séjour à Lathan, par des exercices journaliers : il y apprit à conduire un cheval, à le maîtriser. Aussi ses premières armes furent-elles dans la cavalerie ; il en devint un officier remarquable.
En 1786, M. Ithier résigna ses fonctions à cause de son âge avancé : il fut alors habiter la Croix-des-Bouquets. Le jeune Borgella n’ayant que 13 ans, il le fît continuer à apprendre à lire, écrire et calculer. Ce digne homme eût-il voulu faire davantage pour son protégé, qu’il ne l’aurait pu : le régime colonial n’admettait pas qu’il y eût à Saint-Domingue des établissemens d’instruction publique où l’intelligence des mulâtres et des nègres pût se développer. En violant, à leur égard, tous les droits de la nature, on devait arriver fatalement à ce système infâme, mais logique ; car, pour perpétuer l’esclavage et le préjugé de la couleur, il fallait dégrader ces hommes par l’ignorance, les empêcher de s’éclairer afin qu’ils ne découvrissent pas l’horreur de leur situation infime dans la société.
Toutefois, l’effet des révolutions étant de développer