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feront justice de ceux qui oseront troubler l’ordre public. »

Il était alors au Cap et ne tarda pas à se rendre au Port-au-Prince.

Bientôt survint dans cette dernière ville l’assassinat de Mauduit par les blancs, et la fuite de Blanchelande dans le Nord. La veille de ce crime, où la fureur des blancs contre cet ardent contre-révolutionnaire égala celle qu’ils mettaient à poursuivre les hommes de couleur, Pinchinat, Rigaud et les autres mulâtres que Blanchelande et Mauduit avaient emprisonnés, furent relaxés en même temps que des blancs, également détenus. Ces mulâtres profitèrent de ce moment d’enthousiasme anarchique, pour s’éloigner de ce foyer d’atrocités et se rendre, soit à la Croix-des-Bouquets, soit au Mirebalais où ils se trouvaient plus en sûreté.

Nous avons dit que, le 30 juin, la nouvelle du décret rendu le 15 mai par l’assemblée constituante était arrivée au Cap, et que, dans le mois de juillet, les hommes de couleur du Mirebalais avisèrent à l’organisation d’un conseil politique qui aurait la direction des démarches qu’ils feraient pour obtenir l’exécution des décrets nationaux, et qui inspirerait l’organisation militaire à laquelle ils étaient résolus de recourir pour réclamer et appuyer leurs droits.

Ce fut le 17 ou le 23 juillet, qu’ils se rassemblèrent au Mirebalais[1]. Le 7 août, réunis à l’église de ce bourg, ils constituèrent leur conseil dont les membres prirent la qualification de représentans de la commune. L’acte de constitution de cette représentation de la classe de couleur

  1. D’après Sonthonax, c’est le 17 (Débats, tome 3, page 215) ; d’après un Mémoire du 2e bataillon du régiment de Normandie, c’est le 23 (page 13).