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Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/242

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Celui-ci choisit le bois, le lieu appelé Caïman, pour être le théâtre de la conjuration du Nord. L’armée des hommes de couleur, après ses premiers campemens à Diègue et à Métivier, finit par préférer de s’établir au Trou-Caïman, à quelque distance de la Croix-des-Bouquets[1].

C’est dans la maison isolée d’une femme que, le 21, se forma la conjuration de l’Ouest. C’est une femme qui servit de prêtresse, le 14, dans la conjuration du Nord. Dans tous les grands événemens de l’histoire des nations, une femme apparaît presque toujours pour exercer une sorte d’influence sur les résolutions des hommes.

Au Mirebalais, les hommes de couleur, réunis à l’église, prirent Dieu à témoin de la légitimité de leurs droits, et remirent, abandonnèrent leur sort à sa providence. Dans le bois de l’habitation Lenormand de Mézy, les commandeurs d’ateliers esclaves prièrent Dieu de leur venir en aide, et prêtèrent serment en sa présence de combattre avec courage pour la conquête de leur liberté.

Remarquons encore que cette habitation Lenormand de Mézy, au Morne-Rouge, choisie par les conjurés, appartenait au même colon, maître de Macandal. Il semble que les conjurés, en s’y réunissant, aient voulu s’inspirer des souvenirs homicides de cet Africain impitoyable.


Il est temps d’examiner le dernier acte de l’assemblée

  1. Il faut avouer que les flibustiers français, fondateurs de l’ancienne colonie de Saint-Domingue, donnèrent les noms les plus bizarres à certaines localités de ce pays. De nos jours, ces noms motivent quelquefois des plaisanteries dirigées contre les Haïtiens. Leurs auteurs semblent oublier que ces derniers ne se sont permis qu’une seule substitution de nom : — Haïti, en place de Saint-Domingue.