son épée et cria : Tambours, battez la générale ! À ce cri, les blancs déclarèrent renoncer à leurs propositions ; mais ils demandèrent de ne pas consacrer l’affranchissement des suisses par le concordat. Cette observation amena un mezzo termine à l’égard de ces hommes. Écoutons Hanus de Jumécourt rendant compte à Blanchelande, par sa lettre du 30 septembre 1791, des événemens survenus alors :
« … Sept habitations sont à peu près en état de révolte contre leurs gérans, et ce n’est qu’à force de douceur, de patience et de surveillance que rien n’éclate. De ce grand nombre de nègres qui ont quitté les ateliers pour joindre l’armée de couleur, partie sont retournés de gré chez leurs maîtres (on ne peut se dissimuler qu’ils y sont suspects) : partie, suivant un concordat passé entre les commissaires des deux paroisses (Port-au-Prince et Croix-des-Bouquets) et de l’armée, se trouvent incorporés dans l’armée, à des conditions particulières qui assurent à ces nègres la liberté au bout de huit ans de service dans les maréchaussées de la province. Je dois aux hommes de couleur toute sorte de justice ; ils ont non-seulement retenu les ateliers dans le devoir, mais ils les ont surveillés d’eux-mêmes par des patrouilles fréquentes et pénibles ; ils m’ont indiqué, à chaque instant du jour et de la nuit, l’espèce de surveillance que j’avais à remplir plus pressamment… »
En décidant ainsi du sort des suisses, verbalement sans doute, car il ne paraît pas qu’il y eût convention écrite, les hommes de couleur avaient satisfait à la justice autant que le permettaient les circonstances, d’après les idées généralement reçues alors en faveur d’une liberté