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fuite de Blanchelande et des pompons blancs du Port-au-Prince, le gouverneur général fut soupçonné de participation à la mort de Praloto. Certes, ce misérable bandit méritait une punition pour tous les forfaits qu’il avait commis ; mais, il aurait dû être jugé et condamné ; par les tribunaux, et non pas assassiné.

Ce fut après l’entrée des confédérés au Port-au-Prince que, s’adressant aux hommes de couleur pour les prémunir contre les vues contre-révolutionnaires des blancs de leurs confédérations, tant à la Croix-des-Bouquets qu’à Saint-Marc, Roume reçut de Bauvais cette réponse : « Je puis vous répondre que nous n’avons jamais été les dupes des pompons blancs : il nous fallait conquerir nos droits, nous avions besoin d’auxiliaires ; le diable se serait présenté que nous l’aurions enrégimenté. Ces messieurs se sont offerts, et nous les avons employés, en leur permettant de croire qu’ils nous dupaient… Mais comptez que nous sommes incapables de trahir la nation, ni de nous refuser à ce que vous exigerez pour elle. » Réponse où la franchise toute militaire de Bauvais décèle aussi la politique habile de Pinchinat, qui fît le succès des hommes de couleur.

Ce commissaire atteste, au surplus, à la louange de ces hommes que, loin de vouloir profiter des circonstances pour se venger de leurs ennemis, ils furent plus modérés que les blancs de la confédération. Ils furent même généreux ; car Beaulieu, l’un d’eux, dont la femme enceinte avait été si atrocement tuée et éventrée, dont l’enfant avait été jeté dans les flammes, le 21 novembre 1791, Beaulieu promit à Roume de ne pas se venger, s’il rencontrait l’auteur de ce féroce assas-