Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 1.djvu/380

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sinat. Ce blanc, nommé Larousse, était au Port-au-Prince : Beaulieu le vit, et il tint sa parole !

Cette abnégation de l’époux, du père privé des plus chers objets de ses affections, n’est-elle pas sublime à côté de la basse vengeance exercée par Roi de la Grange sur la personne de l’infâme Praloto ?

L’infortuné Beaulieu, quel que fût le mérite de sa noble action, n’en devint pas moins victime de la haine des colons : un jour arriva où elle arma le bras coupable de Toussaint Louverture contre lui et les siens, et il périt à côté de son beau-père. Et alors, Roume qui fut témoin de sa générosité, abaissant l’autorité nationale devant les volontés de ce chef, Roume ne fit rien ou ne put rien pour le sauver[1] !

Larousse ne fut point poursuivi par Roume ni Blanchelande, à l’entrée des hommes de couleur : ce n’est que l’année suivante, qu’il fut livré aux tribunaux par ordre de Polvérel et Sonthonax ; mais aucun document ne constate qu’il fut puni de sa féroce action.

Les confédérés avaient demandé le renvoi en France des bataillons d’Artois et de Normandie : il n’y eut que ce dernier qui fut embarqué tout entier et expédié dans la métropole.


Les ateliers d’esclaves soulevés dans les paroisses de la Croix-des-Bouquets et de l’Arcahaie rentrèrent dans leurs travaux. Cette soumission fut obtenue par l’affranchissement de cent des principaux chefs parmi ceux du Cul-de-Sac, et de quarante-quatre autres parmi ceux de l’Arcahaie, à condition qu’ils serviraient pendant cinq

  1. Beaulieu fut fusillé au Port-au-Prince avec Cameau, son beau-père, dans les premiers momens de la guerre civile entre Toussaint Louverture et Rigaud.