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geant au point de vue des principes constitutionnels, mais qui devait, un an après, se traduire en une révolution, peut-être pour le malheur de la patrie commune.

Les représentans restés en séance étaient au nombre de 36, formant plus de la moitié de la représentation nationale, dans le cas où elle serait réunie en totalité. Quelques jours après, plusieurs autres arrivèrent dans la capitale et se joignirent à eux.

Après la sortie des opposans, M. Lafortune exposa à ses collègues les motifs de sa conduite en cette circonstance : « C’est qu’une prévention planait sur la tête de M. Laudun, avant son admission à la représentation nationale, et qu’il avait été dénoncé à la justice pour outrages faits à un magistrat civil : ce que les représentans ignoraient au moment qu’ils lui donnèrent leurs suffrages[1]. Or, les représentans, blessés dans leur dignité, avertis maintenant, ne pouvaient maintenir à la présidence de la Chambre celui qui a besoin d’une justification devant la justice, des poursuites étant dirigées contre lui. » Sur ce, la Chambre déclara « nulle et non avenue » la nomination de M. Laudun à la présidence ; et à la fin de cette séance, elle annula également tous les procès-verbaux des séances précédentes. On verra pour quels motifs.

M. Lafortune, encore au fauteuil, déclara qu’en outre de MM. H. Dumesle, D. Saint-Preux, Lochard et Lartigue, éliminés en 1839, il y avait MM. Dumai Lespinasse, Covin aîné, Emile Nau, Dorsainville Dautant, Benoît et

  1. M. Laudun avait été directeur de l’imprimerie nationale des Cayes. Il fut destitué en 1839, pour un discours qu’il prononça dans un banquet donné à H. Dumesle ; de là son élection comme représentant : c’était d’ailleurs un homme de mérite.