à ce qu’il estimerait être un mal ; mais il ne dénie pas à l’assemblée nationale le droit de prendre une telle mesure et d’en ordonner l’exécution. Dans celles de Sonthonax, on reconnaît le fougueux proconsul qui n’hésiterait pas, s’il y avait lieu, à se révolter contre l’autorité de la métropole et à se ranger du côté des colons, pour conserver ce qu’il semble considérer comme un de leurs droits.
On conçoit le langage de Polvérel ; car, qu’un fonctionnaire public ne veuille pas concourir à l’exécution d’une mesure du gouvernement et qu’il donne sa démission, il doit en avoir la faculté, puisqu’il suit les inspirations de sa conscience, éclairée par son esprit. Mais qu’il ose déclarer qu’il s’y opposera de tout son pouvoir, c’est ce qui est insolite : admettre une telle faculté, ce serait établir l’anarchie dans l’administration, dans le gouvernement des États. Le fonctionnaire qui professe de pareilles doctrines porte en lui-même le germe du plus affreux despotisme. Défiez-vous-en, car la bonne opinion qu’il a de lui-même, de sa capacité à mieux juger que le gouvernement qu’il sert, des mesures propres à la prospérité de son pays, le rendra un vrai despote, si jamais le pouvoir passe en ses mains. Il ne souffrirait pas alors qu’on contestât la convenance des mesures qu’il prendrait.
Nous aurons occasion de faire remarquer, dans la suite de notre histoire, la différence que nous signalons dès à présent entre le caractère et les idées de Polvérel et de Sonthonax. Nous verrons Polvérel indulgent pour beaucoup de fonctionnaires qui ne partagèrent pas ses vues, tandis que Sonthonax fut sévère, acerbe, envers ceux qui désapprouvèrent les siennes. Ce fut surtout à l’occasion