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de la commune, substitué à Larchevesque Thibaud, était celui qui se distinguait le plus : en correspondance avec ceux du Port-au-Prince, il ne cessa, après le départ de Sonthonax, de provoquer des conflits entre la municipalité et la commission intermédiaire. Avisé de ces menées, Sonthonax écrivit à Laveaux d’opérer l’arrestation de quelques-uns des factieux ; et alors Lavergne partit du Cap en disant publiquement qu’il allait se rendre en France pour dénoncer Sonthonax à la convention nationale ; mais il se rendit aux États-Unis.

Ses intrigues, secondées par la municipalité, empêchèrent les blancs du Cap de concourir avec Laveaux à la répression des noirs révoltés. Après quelques succès, ce général se vit forcé de rentrer au Cap, pour mieux conjurer les agitations qui s’y préparaient. C’était à l’époque de la seconde sortie qu’il avait faite contre les révoltés, au commencement de mars. Sonthonax l’approuva par sa lettre du 10 du même mois, datée de Saint-Marc[1], et lui donna la haute police du Cap.

À cette époque, divers agens de la contre-révolution arrivèrent au Cap, entre autres le baron de là Valtière, se qualifiant de maréchal de camp des armées du roi (du roi qui avait péri sur l’échafaud depuis environ deux mois), et Thomas Millet, dont nous avons déjà parlé, chaud partisan de l’indépendance. Ces factieux furent tous dénoncés à Sonthonax, par le contre-amiral Cambis, commandant de la station au Cap, comme cherchant à exciter des troubles dans cette ville.

À ces coupables meneurs se joignirent bientôt les factieux déportés du Port-au-Prince, qui avaient été embar-

  1. Rapport, t. 3, p. 377, 378, et 379. Ibid. p. 247, 248 et 249.