Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/179

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Mais citons à ce sujet le remarquable témoignage de la commission des colonies, en faveur des esclaves noirs, constaté d’après les pièces qui passèrent sous ses yeux :

« On ne doit pas croire pourtant, dit le rapport de Garran, que les nègres eux-mêmes aient tous été, dans cette circonstance, des brigands et des incendiaires. Plusieurs des esclaves du Cap ne firent usage de la liberté nouvelle qu’ils devaient à ce triste événement, que pour sauver les jours de leurs maîtres, et pour les aider à porter les effets les plus précieux qu’ils purent enlever à l’incendie et au pillage, dans l’asile que le choix ou la nécessité leur fît prendre, soit au Haut-du-Cap, soit dans les bâtimens de la rade. Plusieurs d’entre eux s’exposèrent, pour remplir ces devoirs d’humanité, aux plus grands dangers. Quelques-uns périrent victimes de leur dévouement. Des patrouilles de nègres de la campagne s’occupèrent aussi à recueillir le plus de blancs qu’ils purent pour les conduire avec sûreté près des commissaires civils au camp Breda. On vit enfin de pauvres négresses, qui pouvaient avoir quelque peine à nourrir leurs propres enfans au milieu de tant de désastres, prendre néanmoins à leur charge des enfans blancs y devenus orphelins par la mort ou la fuite de leurs parens. Mais ces actes d’humanité n’ont que bien faiblement expié les outrages qui lui furent faits dans ces lamentables journées. »


Les noirs sortis des prisons, les esclaves de la ville et d’autres parmi les insurgés les plus voisins du Cap, sous les ordres de Pierrot, de Macaya et de Goa, appelés par les commissaires civils, comprenant tous que la cause