Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/187

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» Les principes du gouvernement, les droits de l’humanité, les intérêts du commerce, la paix et la prospérité de la colonie, tout exige que la convention, investie de tous les pouvoirs du peuple, rompe les entraves que l’assemblée constituante a mises, dans ce point important, à la souveraineté nationale.

» Je ne prétends point indiquer à la convention le moment d’opérer une réforme entière dans le régime colonial ; mais s’il n’est promptement modifié, si le sort des esclaves n’est amélioré, il est impossible de prévoir le terme des malheurs de Saint-Domingue. Le décret salutaire qui interviendra à ce sujet, sera la suite naturelle de la loi du 4 avril ; il assurera à la convention nationale son crédit et son autorité dans les colonies, qu’on s’efforce d’affaiblir par tous les moyens possibles ; il anéantira tous les projets de schisme et de contre-révolution ; il resserrera les liens qui unissent la colonie à la métropole, et rétablira dans la première la tranquillité après laquelle on soupire depuis si longtemps ; il est désiré par tous les gens sensés, et surtout par la classe la plus intéressée au bonheur de la colonie, — celle des citoyens du 4 avril. »

Cette lettre, ces conseils donnés à la convention font honneur au jugement éclairé de Sonthonax. En cette occasion, sa mémoire peut réclamer avec raison une antériorité de vues sages et humaines sur celles du gouvernement français, exprimées par la lettre de Monge aux commissaires civils, en date du 26 février 1793 ; car la sienne est du 18 du même mois.

Nous aimons à trouver dans la lettre de Sonthonax le témoignage qu’il rend à la convention, du désir qu’avait la classe des hommes de couleur, d’une amélioration au sort des esclaves ; nous avions annoncé une citation à ce sujet, dans le chapitre X du Ier livre. Sans nul doute, Pinchinat et les autres membres de la commission intermédiaire étaient les premiers à se rendre les organes de leurs frères. Mais en 1776, que dira Sonthonax d’eux tous ?…

En conséquence de la situation difficile que Galbaud