Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/210

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la douceur du climat s’y joint, le travail est ordinairement restreint aux choses de première nécessité. Telle était la paisible condition de ces premiers Haïtiens, hommes bons et doux, que la cupidité des Espagnols a fait disparaître si promptement de ce sol hospitalier[1].


Si l’on peut flétrir avec justice les noms des officiers blancs qui trahirent leur devoir, on doit honorer ceux des autres qui y restèrent fidèles : de ce nombre sont Pageot qui commandait Fort-Dauphin et les postes environnans, et Pageot qui avait le commandement du Dondon. Le 26 juin, Pageot écrivit aux commissaires civils pour leur rendre compte de la trahison de Lafeuillée, et il leur dit : « L’incendie du Cap m’a ruiné ; mais l’espoir de combattre pour la République, sous vos ordres, me console. » Pageot était colon ; il montra toujours un noble caractère.


Le 2 juillet, après les premières trahisons, Polvérel et Sonthonax émirent une proclamation où ils en rendaient compte, dans le but de fixer les opinions de leurs subordonnés, en flétrissant ceux qui s’étaient rendus coupables.


Quelle est donc, y disent-ils, cette ligue formée contre la République française ? Quels sont les conspirateurs, et quel est le lien qui les unit ?

Les conspirateurs sont la presque totalité des Européens transplantés à Saint-Domingue ; les uns perdus de dettes, avec l’air de l’opulence ;

  1. Nous aimons à penser que tout lecteur raisonnable ne trouvera pas dans tout ce que nous disons ici, l’apologie de la paresse et de la fainéantise. Nous entendons seulement expliquer les causes qui influent plus ou moins sur la production parmi les nations, en raison de leur situation et du degré plus ou moins avancé de leur civilisation.