Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’auraient pas réuni les autres conditions de citoyens actifs, d’électeurs et d’éligibles. Elle tendait à mettre ces petits blancs dans l’intérêt politique de là révolution, à les détacher des colons et à les rendre sympathiques aux commissaires civils, qui avaient besoin de beaucoup de forces pour lutter contre les planteurs et les contre-révolutionnaires. En étendant les droits politiques aux hommes de couleur, ils se fortifiaient encore contre ces aristocrates, unis dans leurs desseins de séparer la colonie de la métropole. Ils furent soutenus par les hommes de couleur, mais les petits blancs leur restèrent hostiles.

Cet acte vigoureux des commissaires prescrivait aux municipalités ainsi constituées, « de prendre le vœu de leurs communes respectives sur la nécessité d’accélérer ou de différer la convocation des assemblées primaires, soit pour former l’assemblée coloniale, soit pour les nominations des députés à la convention nationale de France, et de faire parvenir sur-le-champ leur délibération sur ce sujet aux commissaires civils. »

Vraisemblablement, ils se ménageaient par là le moyen d’exercer leur influence sur les communes, pour différer la formation d’une nouvelle assemblée coloniale ; 1o  parce qu’ils durent reconnaître déjà, au 12 octobre, la difficulté, pour ne pas dire l’impossibilité d’avoir une telle assemblée composée de blancs et d’hommes de couleur, les colons continuant à montrer leur répugnance à cet égard et conspirant ouvertement pour détacher Saint-Domingue de la France, ou pour y rétablir l’ancien régime par la contre-révolution ; 2o  parce qu’avec une assemblée coloniale, ils ne pour-