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raient pas gouverner la colonie aussi facilement qu’avec la commission intermédiaire.

Mais une telle ligne de conduite était-elle autorisée par la loi du 4 avril et par celles qui l’avaient suivie ? Evidemment, non ; mais dans la situation où se trouvait Saint-Domingue, cette mesure de la dissolution de tous les corps populaires, était la plus urgente et la plus convenable pour laisser aux commissaires civils leur liberté d’action. Sans elle, ils n’auraient pu espérer de rétablir l’ordre et la tranquillité publique et de conserver cette colonie à la France. Il leur fallait, enfin, une vraie dictature pour la gouverner : les circonstances ultérieures les forcèrent à la garder jusqu’à leur départ, en 1794. Cette nécessité n’était-elle pas même une conséquence de la chute de la royauté, qui donnait la dictature à la convention nationale ? Agens éloignés de cette nouvelle assemblée nationale, ils devaient avoir des pouvoirs égaux à ceux des commissaires extraordinaires qu’elle envoya aux armées : ils rendirent une proclamation à cet effet, le 13 octobre, pour interpréter l’intention de l’assemblée de la métropole. Polvérel et Sonthonax eurent le courage d’assumer sur leurs têtes cette immense responsabilité envers leur pays, et ils ont eu la gloire de lui avoir conservé sa colonie que les factieux voulaient lui ravir. Ailhaud signa aussi cet acte ; mais nous avons déjà dit ce qu’il faut penser de cette nullité. La convention nationale approuva cette interprétation de son décret du 10 août, par celui du 10 décembre.

La composition de la commission intermédiaire inaugura une nouvelle ère pour les hommes de couleur : dès lors, les blancs durent comprendre que l’égalité la