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tacles ; mais on a continué de calomnier la race africaine. La terre d’Haïti, celle de plusieurs autres Antilles, sont actuellement cultivées par des mains libres ; mais la caste coloniale ne fut jamais éclairée sur ses vrais intérêts ; elle ne voulut jamais être convaincue, elle ne donna jamais, de son propre mouvement, la liberté aux malheureux esclaves : la cupidité l’emporta sur la justice.

Nous remarquerons encore que, quoique pressé par les circonstances, Polvérel persistait dans ses idées de liberté graduelle ; car, malgré les pouvoirs plus étendus qu’il annonçait avoir reçus, en reconnaissant la rigueur excessive des dispositions du code noir, que la proclamation du 5 mai avait eu le tort de renouveler en partie, il promettait seulement de la tempérer pour mettre les esclaves presque au niveau des hommes libres.

En conséquence, la proclamation du 27 août disposait :

Article 1er . Tous Africains ou descendans d’Africains, de tout sexe et de tout âge, qui resteront ou qui rentreront sur les habitations auxquelles ils ont ci-devant appartenu, qui ont été ou qui pourront être déclarées vacantes en exécution de ma proclamation du 21 de ce mois, sont déclarés libres et jouissent dès à présent de tous les droits de citoyens français, sous la seule condition de s’engager à continuer de travailler à l’exploitation desdites habitations.

3. Tous les nègres jusqu’à présent insurgés ou marrons, et même les indépendans, qui habitent le Maniel (ou Bahoruco) ou autres lieux de la partie espagnole de Saint-Domingue, pourront profiter des dispositions de l’article 1er .

8. La totalité des habitations vacantes dans la province de l’Ouest appartiendra en commun, à l’universalité des guerriers de ladite province et à l’universalité des cultivateurs desdites habitations vacantes, dans les proportions qui seront ci-après déterminées.

9. Elles resteront indivises pendant toute la durée de la guerre et des troubles intérieurs, jusqu’au terme qui sera indiqué par l’art, 24 ;