Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/370

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Oh ! combien les préventions contre les hommes politiques nuisent souvent aux peuples qui les conçoivent ! Comment ne pas regretter aussi celles de Sonthonax, ses défiances contre toute la classe des hommes de couleur, qui le portèrent alors, qui le portèrent encore plus, deux ans après, à des mesures imprudentes dont il fut lui-même la première victime !…


Le 19 février, les Anglais attaquèrent le poste de l’Acul-de-Léogane qu’ils enlevèrent après trois heures de combat. Ils étaient en force supérieure. Le baron de Montalembert, émigré, était dans leurs rangs ; brave et courageux, il a rempli un rôle fameux durant toute l’occupation anglaise. Là se borna la conquête de ces étrangers du côté du Sud, jusqu’à ce que Léogane même fût enlevé entre leurs mains.

Presque en même temps ils reparurent devant le Port-au-Prince. C’était encore le commodore J. Ford, qui ne put rien contre cette ville par les précédentes dispositions prises par Sonthonax. Son apparition se borna à un échange de lettres avec le commissaire, qui eut la générosité de lui renvoyer quinze prisonniers anglais.

Mais Sonthonax saisit cet instant pour rendre une proclamation, en date du 27 février, dont le but était d’exciter le dévouement de toutes les classes pour la défense du pays et du Port-au-Prince particulièrement.


Le 15 novembre dernier, dit-il, nous avons donné l’ordre du désarmement de la garde nationale du Port-Républicain : cet ordre contenait une autorisation donnée au commandant de la province pour res-

    jours ses bontés pour lesquelles je n’épargnerai rien » — Lettre de Bauvais à Sonthonax, du 5 mars 1794.