Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/417

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fort de cent cinquante hommes pour le mettre en état de harceler l’ennemi. Delair s’empara de quelques positions avantageuses, de façon qu’étant arrivé moi-même avec cent cavaliers et trois cents fantassins, nous forçâmes le camp de se rendre après une heure d’attaque ; un détachement envoyé à l’embarcadère, a empéché les Anglais, qui venaient au secours de Jean-Rabel, de faire leur descente. Nous prîmes dans cette affaire environ mille livres de poudre et trois cents hommes, tant Anglais que Français, portant les armes… » Notons ici que les mulâtres seuls n’étaient pas perfides et traîtres.

En même temps et le même jour, « L’Ombrage obtint auprès du Borgne un avantage considérable contre les Espagnols à qui il tua beaucoup de monde. » Mais peu après, une tentative de Pageot échoua contre l’embarcadère du Borgne.

L’exemple du perfide Delair porta fruit : c’était à la fin de mars qu’il rentrait sous le pavillon tricolore. Le seize avril, ce pavillon fut arboré au bourg de Bombarde et à la Plate-Forme. Les Allemands de ces lieux, qui avaient suivi le torrent de la défection, rachetèrent leur faute. En vain les Anglais marchèrent-ils contre eux ; ils furent repoussés avec de grandes pertes. Ils se vengèrent de leur défaite, en incendiant toutes les maisons de la Plate-Forme et en prenant les bestiaux de ce territoire.


Un autre retour au pavillon tricolore fut plus important, dans les premiers jours de mai : c’est celui de Chevalier, mulâtre, commandant de Terre-Neuve et du Port-à-Piment, deux bourgades qui touchent à Bombarde et à la Plate-Forme, et qui ont des voies de communica-