Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/471

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

naître pour chef celui qui les a trahis. Mettez-vous à la tête de cette sainte insurrection ; qu’elle devienne générale partout où il y aura des ennemis de la liberté et des traîtres envers la république…

Je crois qu’il est de votre devoir d’envoyer des parlementaires aux commandans anglais de Jérémie et de Léogane, pour leur notifier le décret de la convention nationale sur la liberté générale ; pour leur déclarer que tous les hommes, sans distinction de couleur, domiciliés dans les colonies françaises, étant citoyens français, doivent être traités comme les Européens, subir comme eux la loi commune du droit des gens et les conventions stipulées par le cartel entre les gouvernemens de France et d’Angleterre ; pour protester, au nom de la république, contre le commerce infâme que font les commandans du gouvernement britannique et les corsaires anglais, des Africains et des hommes de couleur par eux pris depuis le commencement de la présente guerre ; pour leur annoncer que la république exercera les plus sévères représailles ; pour les sommer de vous certifier, dans un délai que vous leur fixerez, de l’existence sur les possessions britanniques et du bon traitement de tous les citoyens de Saint-Domingue, noirs et de couleur, par eux faits prisonniers de guerre : pour leur signifier que jusqu’à ce qu’ils vous aient donné cette certitude officielle, tous les sujets du roi de la Grande-Bretagne qui sont au pouvoir de la république, seront traités et employés comme esclaves, et que jusqu’alors vous ne consentirez au renvoi ni à l’échange d’aucun prisonnier anglais,…


Ce n’est plus le commissaire civil qui écrit à Rigaud, mais c’est encore le langage de cette autorité habituée à lui donner des ordres. En vain Polvérel prétend-il, par cette échappatoire d’avocat, se soustraire à la responsabilité de cet acte : c’en est un, et il doit en répondre. Ou il fallait qu’il se bornât à exciter le zèle de Rigaud, ou ses exhortations sont en ce moment de véritables ordres. Nous ne trouvons d’ailleurs rien à blâmer dans les passages cités, que ce qui concerne Montbrun.

Eh bien ! qu’est Montbrun aux yeux de Polvérel et de Sonthonax ?

Un officier supérieur chargé de la défense d’une ville, qui la laisse prendre par l’ennemi, non pas par négli-