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même faite aux talens de Pinchinat et des autres hommes de couleur appelés comme lui à la commission intermédiaire. Nous aurons occasion, par la suite, de démontrer que cette misérable passion n’occasionna que trop de funestes résolutions de la part de certains mulâtres, envieux de la position supérieure accordée à quelques-uns de leurs frères, ou acquise par leurs talens et leur capacité. Nous attribuons à cette cause la conduite de Savary, et non à la crainte d’être déporté par les commissaires civils, ni aux projets qu’on leur prêtait de vouloir préparer l’affranchissement des esclaves.

La plupart des mulâtres et nègres libres, Bauvais, Rigaud, possédaient aussi des esclaves et n’agirent pas de même que Savary ; et nous avons prouvé que, loin d’avoir les tendances, les projets qu’on leur prêtait, les commissaires civils, au contraire, n’avaient que trop parlé en faveur du maintien de l’esclavage dans la colonie. Leurs déclarations improvisées du 20 septembre, celles consignées ensuite dans leur proclamation du 24, donnaient le démenti le plus formel aux calomnies répandues contre eux ; et aucun acte extérieur de leur part n’avait pu y donner lieu.

Sans doute, nous verrons Savary, de même que Lapointe, que Labuissonnière et d’autres mulâtres et nègres libres, dans leur honteux égoïsme, pour ne pas concourir à la liberté générale des noirs, se soustraire à l’autorité des commissaires civils et se jeter avec les colons dans les bras des Anglais ; mais ce sera l’effet d’une autre situation que celle qui existait en novembre 1792.


Quoi qu’il en soit, aussitôt l’arrivée de Polvérel et